Joyeuses Pâques à vous tous !
Chers Parents, Bienfaiteurs, Bénévoles et Amis du Carmel de Jérusalem!
Dans la situation dans laquelle nous nous trouvons, en communion avec notre Patriarche Cardinal Pierbattista Pizzaballa, nous vous partageons son homélie du jour de Pâques qui reflète bien ce que nous vivons: nos souffrances, notre foi et notre joie dans l'espérance de la résurrection même dans notre vie quotidienne.
Extrait de l’homélie de notre Patriarche Cardinal Pierbattista Pizzaballa
En ces temps dramatiques, marqués par tant de violence sur notre terre et dans le monde, sommes-nous encore capables d'accueillir l'annonce de la vie, de l'amour et de la lumière qu'apporte Pâques ?
… Le Pape nous a invités à être « des flambeaux allumés dans la nuit ». Et en effet, comme nous l'avons déjà dit à maintes reprises, cette nuit de violence et de guerre semble ne jamais finir. Tout semble baigner dans la méfiance. La seule voix forte et décisive semble être celle des armes. C'est en vain que l'on a tenté de faire cesser les hostilités, c'est en vain que l'on a appelé à un cessez-le-feu, à résoudre le conflit autrement que par les armes. Le prophète Jérémie nous a bien dit : « Si je sors dans la campagne, voici les victimes de l'épée ; si j'entre dans la ville, voici les victimes de la faim. Même le prophète, même le prêtre parcourent le pays sans comprendre » (Jérémie 14,18). Cette crise majeure a marqué la vie de tous, sans distinction. Pour des raisons différentes, chacun a été profondément blessé par cette tragédie. On se sent seul, abandonné, peut-être même trahi. Le chagrin enveloppe tout le monde et nous ne pouvons pas comprendre et interpréter ce moment. Une chose, cependant, commence à être comprise : il est temps de recommencer. Il y aura un besoin de résurrection, de vie nouvelle. Dans les relations personnelles, dans le dialogue interreligieux, dans la vie politique, dans la vie sociale, nous ne pourrons pas recommencer à vivre comme si rien ne s'était passé. Nous aurons besoin d'un nouvel esprit, d'un nouvel élan, d'une nouvelle vision, où personne n'est exclu.
La Pâque du Christ que nous célébrons aujourd'hui dans le mystère, nous devrons aussi la célébrer dans la vie de notre Église et de toute la Terre Sainte ! Pour cela, nous aurons besoin de choix audacieux, capables de répondre aux attentes de tous. Nous devrons nous engager sérieusement pour que des mots comme "espérance, paix, vérité, pardon et rencontre" aient à nouveau un sens et soient perçus comme crédibles par tous, en posant sur le terrain des gestes qui, peu à peu, reconstruiront la confiance si profondément blessée. Tout à l'heure, dans la belle séquence, nous avons chanté : « Mors et vita duello conflixere mirando : dux vitae mortuus, regnat vivus » (séquence de Pâques). "La mort et la vie se sont affrontées, et le Seigneur de la vie, qui était mort, règne maintenant en vivant". Nous, l'Église, sommes le lieu où ce Royaume subsiste, où le Christ règne, vivant. Et vivante, notre communauté est appelée à l'être. Vivre Pâques aujourd'hui, être, ici et aujourd'hui, des hommes et des femmes de la résurrection, signifie avoir le courage de défendre la dignité de toute vie, ne pas craindre la nuit qui s'annonce, rester immobiles et craintifs, enfermés dans nos cénacles. L'Évangile d'aujourd'hui nous demande d'abandonner notre sécurité, de sortir malgré la nuit, comme les femmes de l'Évangile, à la rencontre du Ressuscité. Dans le duel entre le jour et la nuit, entre la mort et la vie, nous voulons être ceux qui choisissent la vie.
C'est-à-dire que nous voulons être ceux qui ont le courage de parier sur la paix, de continuer à faire confiance à leur prochain, de ne pas craindre la trahison, d'être capables, sans se lasser, de recommencer chaque fois à construire des relations de fraternité, parce que nous serons poussés non par l'attente du succès, mais par le désir de bien et de vie que le Ressuscité a mis dans nos cœurs.
Nous demandons ici la grâce et le don d'un cœur capable de voir les signes du Ressuscité, du Vivant au milieu de nous, d'une présence concrète, consolante, tendre. Seul l'amour peut vaincre la mort et dépasser les frontières du temps. Demandons donc le don de savoir discerner dans la vie de notre communauté cet amour que nous avons célébré dans la liturgie au cours de ces jours de la Semaine Sainte.
Ainsi, dans l'esprit du Seigneur ressuscité, nous voulons être le levain qui fait fermenter toute la pâte (1 Cor 5, 6), "les flambeaux allumés dans la nuit" et "les semences de bien dans une terre déchirée par les conflits" (lettres du pape François aux catholiques du TS), le petit residu qui ne cède pas, qui ne recule pas, mais qui, avec enthousiasme et courage, après avoir surmonté toutes les peurs, va de l'avant. En Galilée, dans nos maisons, dans nos églises, là où l'homme est seul ou perdu, c'est là que nous voulons aller, pour dire encore une fois que le Seigneur nous a visités, que nous l'avons vu. Le Ressuscité est toujours là, parmi nous, et partout il nous précède. Et il nous attend.
Joyeuses Pâques !
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